TaïJutsu en Aïkido

TaïJutsu ou travail à mains nues:

Travail basé selon 3 niveaux d’étude, en commençant par le travail en Kihon avec le partenaire, les deux pratiquants exécutent le mouvement l’un après l’autre en comptant, puis en Awasé,  les deux pratiquants exécutent le mouvement en même temps en comptant,  pour arrivé enfin  au Ki no nagare,  les deux pratiquants exécutent le mouvement en même temps dans mouvement fluide.

Saïto Senseï se mettait  en colère quand on se blessait les uns les autres. Il insistait d’ailleurs sur le fait qu’il faut de la souplesse dans l’exécution des techniques en kihon, apparemment statiques (ce n’est qu’une étape pour comprendre les fondements d’une technique lorsque l’on est saisi fermement) et qu’il faut mettre une certaine fermeté dans l’exécution des techniques en Ki no nagare ou forme fluide (étape suivante donc, avec plusieurs niveaux d’exécution).

Daniel TOUTAIN Sensei fait référence à 6 points fondamentaux en Wanomichi . Cette liste a été ici étendue à 10 points clé fondamentaux.

Chacun de ces points doit être considéré avec autant d’importance.

Le Wanomichi, c’est l’application de principes de bon sens.
D. TOUTAIN

Tout pratiquant devrait avoir assimilé ces principes de base, afin de les appliquer lors de l’exécution des techniques de Wanomichi.

Il faut aussi avoir à l’esprit qu’il y a une forte interconnexion entre ces principes : pour correctement en appliquer un, il faut aussi appliquer les autres. En relisant ces principes plusieurs fois, vous vous en apercevrez par vous même.

Ces dix points fondamentaux sont les suivants :

  1. Maîtriser son hanmi et déséquilibrer son adversaire
  2. Avoir du kokyu
  3. Faire l’awase
  4. Utiliser des mouvements en cercle et spirale
  5. Exploiter l’effet de levier
  6. Placer les atemi
  7. Kiaï !
  8. Penser Bukiwaza / Taijutsu
  9. Penser Un / Plusieurs
  10. Avoir l’esprit Budo

Plus ils sont assimilés, plus on comprend qu’ils ne sont que l’application de principes simples et de bon sens. Cependant, pour intégrer ces points, il est indispensable de vous référez aux explications d’une instructeur compétent… et avoir une pratique régulière.
Rien n’est acquis et profondément assimilé sans un travail soutenu dans le temps.

Point 1 – Maîtriser son hanmi et déséquilibrer son adversaire

Le hanmi, position correcte des pieds, est caractéristique de notre pratique. SAITO Morihiro Sensei relatait que le fondateur était très pointilleux à ce sujet.

Un bon hanmi…

Une position correcte des pieds donnera une position correcte des hanches (le corps doit être sans tension). Cette position correcte des hanches entraînant une position correcte de l’ensemble du corps…

Il existe différents types de hanmi (Ken no hanmiJo no hanmi,Hitoemi). Le hanmi permet d’être en bonne condition pour appréhender les techniques, que ce soit sur initiative ou non. Il doit être également présent durant l’exécution proprement dite des techniques.

…pour être stable et déséquilibrer son adversaire

La notion de hanmi est indissociable de celle d’équilibre. Avoir un bon hanmi, c’est s’assurer d’une bonne stabilité, nécessaire pour déséquilibrer son adversaire. C’est particulièrement vrai dans le travail en « kihon » (travail statique) mais souvent négligé dans le travail en « ki-no-nagare » (travail fluide). Une personne plus massive que soit sera facilement contrôlée si l’on parvient à la déséquilibrer.

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UESHIBA Morihei O-Sensei – Démonstration d’Aikido – Riposte contre plusieurs attaquants.

Le hamni permet de se déplacer dans toutes les directions,
et ainsi de faire face à des attaques de toutes parts.

Point 2 – Avoir du kokyu

Le kokyu est une notion difficile à comprendre et à assimiler. Elle reste cependant indispensable à la réalisation de toute technique. Avoir dukokyu, c’est utiliser et transmettre l’appui du sol à travers le corps. Pour cela, il faut un positionnement correct de tout le corps… trop de relâchement, et le corps n’a plus de puissance ; trop de tensions, et le corps devient rigide, facile à déséquilibrer et incapable de faire circuler efficacement les jeux de force en présence. Il y a là une similitude frappante avec la méditation, où le corps ne doit également être ni trop tendu, ni trop relâché.

Il est également indispensable de mettre en jeu le souffle : uneexpiration calme et puissante est indissociable d’un bon kokyu (voir aussi le point concernant le kiaï).


UESHIBA Morihei O-Sensei – Démonstration d’Aikido – Kokyu Nage

Point 3 – Faire l’awase

Harmonisation dans l’espace, dans le temps et en terme de forces en action…

Awase” est un terme qui signifie “adaptation“, “synchronisation“. Cette notion doit intervenir à plusieurs niveaux lors de l’exécution de techniques…

  1. d’un point de vue du timing
  2. d’un point de vue des forces mises en jeu

Le mouvement doit en effet être exécuté avec le même timing que l’opposant. Si on réagit trop tard ou trop tôt on ne réalise pas l’awase.

Parallèlement, il faut adapter la puissance et le kokyu que l’on met dans la technique, à ceux engagés par son ou ses partenaires/adversaires. Ainsi, il faudra être d’autant plus relâché que votre adversaire vous saisit fermement ; et inversement.

2001 force using is prohibited
Instruction de SAITO Morihiro Sensei – Aiki Dojo d’Iwama 2 (Photo 2001- E. Savalli)

S’il était stipulé au dojo d’Iwama que l’emploi de la force pour bloquer une technique était à proscrire, c’était parce que, chaque technique d’Aikido s’applique à une situation donnée d’attaque, si la situation change, il faut appliquer une autre technique… et l’Aikido propose suffisamment de techniques pour répondre à tous les types de situations.

Harmoniser la direction de son regard vis à vis de l’attaquant…

L’awase passe aussi par l’harmonisation du regard… pour bien diriger son kokyu et avoir la bonne position de corps, il est important de diriger son regard correctement, en adéquation avec celui de son adversaire et de son attaque. Ainsi, dans la plupart des cas, il ne faut pas regarder vers l’attaquant mais au contraire suivre la direction de son attaque.

Point 4 – Utiliser des mouvements en cercle et spirale

Le cercle et la spirale sont utilisés dans toutes les techniques de Wanomichi.Avoir un mouvement en courbure, est la meilleure façon de réaliser l’awase avec le mouvement de l’adversaire. Pour faire circuler l’énergie et transmettre les appuis au sol, des lignes courbes sont indispensables. C’est un principe physique grâce auquel par exemple la colonne vertébrale est capable de supporter des pressions bien plus grandes que si elle était rectiligne.

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Daniel Toutain Senseï / Yann Besanson UKE

 

Point 5 – Exploiter l’effet de levier

L’effet de levier permet de minimiser l’effort à fournir et amplifier ce dernier. Le fondateur de l’Aikido a su mettre à profit cette loi de la physique dans son savant art.

Daniel TOUTAIN Sensei aime plaisanter à ce sujet, disant qu’il apprécie en Aikido l’obtention d’un maximum d’effet avec un minimum d’effort.

2002-08-15 Aikido à Lannion
Daniel TOUTAIN Sensei – Stage d’été à Lannion en 2002 (uke: Tom Grundmann)

Le principe du levier est tres visible en bukidori, mais
il est présent dans toutes les techniques d’Aikido.

Point 6 – Placer les atemi

Le fondateur disait que les atemi (coup de poing ou pieds) comptaient pour 99% en Aikido.

L’atemi permet de provoquer une réaction de l’adversaire mais aussi d’assurer que la technique est réalisée à la distance correcte de l’adversaire. Dans bien des cas, les erreurs de placement qui rendent si souvent complètement inefficace les techniques, pourraient être évitées pour peu que l’exécutant porte attention aux atemi.

2004-08-02 Sankyu atemi
Stage d’été à Auray en 2004 – Sankyo omote – D. Toutain Sensei (uke : JJ. Delgay)

L’atemi est nécessaire à la
bonne réalisation de sankyo omote.

La notion d’atemi doit être présente à l’esprit à tout moment… et ce, quel que soit son rôle : tant pour celui qui “réagit à l’attaque” que pour celui qui la provoque. Trop souvent, la personne qui saisit s’approche trop de l’autre et, oubliant qu’il pratique un budo, se met en position de recevoir un atemi…

Correctement placé dans le temps et la forme, l’atemi, participe à laréalisation des techniques avec tout le corps.

Point 7 – Kiaï !

Le kiai fait partie intégrante des arts martiaux traditionnels, et le Wanomichi n’échappe pas à cette règle.

Le kiai est cependant peu pratiqué dans les dojo, essentiellement parce qu’après la guerre, les américains qui occupaient le japon interdisait la pratique des arts martiaux. L’utilisation du kiai attirait l’attention sur le nom respect de l’interdit. En revanche, les pratiquants d’arts martiaux étaient beaucoup plus tranquilles en campagne, c’est l’une des raisons qui poussa UESHIBA O’Sensei à s’installer à Iwama.

Dans toutes les vidéos sonores, on peut entendre le fondateur pousser des kiai forts. A Iwama, son kiai était bien connu des villageois et participait grandement à la crainte que le fondateur inspirait auprès d’eux.

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Un kokyu sera d’autant plus puissant
qu’il est accompagné d’un bon kiai.

Point 8 – Penser Bukiwaza / Taijutsu

SAITO Morihiro Sensei insistait beaucoup sur le faite qu’il faut penser Bukiwaza (technique d’armes) en pratiquant Taijutsu (technique à mains nues) et inversement. Techniques d’armes et techniques à mains nues ne font qu’un, c’est d’ailleurs là l’expression de tout le génie du fondateur de l’Aikido qui a su voir les points fondamentaux d’unification et les mettre en pratique dans toutes les situations de conflits.
Plus on progresse dans la pratique, et plus on en prend conscience.

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Daniel TOUTAIN Sensei (uke: Thomas Leborgne) – Aiki Dojo de Rennes – 12/2004

Le travail des armes permet d’obtenir
les bonnes formes de corps…

Point 9 – Penser Un / Plusieurs

Il faut appréhender ses adversaires multiples dans leur ensemble, comme un adversaire unique. Inversement, lorsqu’on a qu’un seul adversaire, il faut se référer aux mouvements à réaliser contre plusieurs.
La meilleure façon de ne pas s’opposer à la force d’une attaque (c’est à dire de faire l’awase avec elle), c’est d’en imaginer plusieurs en même temps à contrôler.

L’emploi de ce principe permet d’avoir les bons dégagements, sortir des lignes d’attaques, et une distance correcte par rapport à ses opposants.

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SAITO Morihiro Sensei à l’Aiki Dojo de Rennes © 1998 D. Toutain.

Dans cette technique “ninin dori”, on voit clairement
les deux adversaires ne faire plus qu’un.

De même, pour être efficaces, les techniques doivent être réalisées avec tout le corps et non seulement avec les bras. Un pratiquant doit considérer son propre corps dans son ensemble. Chaque partie de corps: bras, hanches, pieds… doit contribuer, de concert, à la réalisation de la technique. Avant d’apprendre à “faire l’awase avec un adversaire”, il faut apprendre à “faire l’awase avec les propres parties de son corps”… le travail des suburi est là pour ça.

Point 10 – Avoir l’Esprit Budo

Enfin, et ce n’est pas le moindre, il faut garder l’esprit Budo durant la pratique. Par exemple pour la pratique des suburi, il est important de visualiser un adversaire imaginaire pour chacun des suburi.

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En France, on utilise la maxime “mettre du cœur à l’ouvrage”, pour signifier qu’il faut travailler avec énergie et enthousiasme, sans acharnement. Avoir l’esprit Budo, c’est mettre du cœur à l’ouvrage lors de la pratique, et c’est aussi garder en mémoire que l’adversaire peut à tout moment changer d’intention et donc de forme d’attaque : il faut rester vigilant.

De même que le tableau exprime le ressenti du peintre, le morceau joué celui du musicien, les techniques que nous réalisons sont l’expression de ce que nous sommes au fond de nous-même.

 

Source de l’article: https://aikidoblog.net/fr/articles/10-points-cle-aikido/

 

 

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